Nouvelle Sur Le Droit Des Femmes à Porter Des Pantalons
On l'a peut-être oublié, mais les femmes devaient parcourir de longues distances pour pouvoir se couvrir les jambes comme elles le souhaitaient. Croiriez-vous qu'aux XVIIIe et XIXe siècles, dans des pays comme les États-Unis, l'Angleterre et la France, les femmes pouvaient être emprisonnées pour avoir porté des pantalons ?
La lutte pour le droit des femmes à porter des pantalons aux États-Unis et en Europe a débuté dans les années 1850, avec le mouvement féministe. Les féministes aspiraient à la libération, non seulement de l'oppression patriarcale, mais aussi des contraintes du corset. Des suffragettes comme Elizabeth Cady Stanton considéraient la réforme vestimentaire comme un élément essentiel de leur combat pour les droits, et certaines adoptèrent une tenue alternative : un pantalon bouffant d'inspiration turque porté avec une jupe arrivant aux genoux, appelée bloomer.
Les bloomers n'étaient pas vraiment un cri de ralliement pour l'égalité des droits en matière de pantalons. L'argument avancé à l'époque était qu'ils étaient plus pratiques pour les femmes, en tant qu'épouses et mères au foyer. Les bloomers n'ont pas soudainement fait tomber le mur entre les femmes et les pantalons. En réalité, leur popularité n'a duré que quelques années, en partie parce que les femmes ne les trouvaient pas esthétiques.

Au tournant du XXe siècle, un autre phénomène allait bouleverser la façon de s'habiller des Américains et des Européens. L'emprise du formalisme sur la mode s'affaiblissait, et la liberté de mouvement devenait une priorité. Dans les années 1910, une jeune créatrice nommée Coco Chanel contribua à amorcer ce changement avec ses vêtements sportifs et populaires ; durant la seconde moitié des années 1920, elle participa également à l'intégration des pièces masculines dans la garde-robe féminine, notamment les vestes, les gilets et les pantalons tailleurs.
Bien qu'elle ne fût pas la seule créatrice à présenter des pantalons pour femmes, son influence était considérable.

Malgré la ferveur des opposants au pantalon, rien ne pouvait empêcher le changement. Pendant la Seconde Guerre mondiale, par exemple, le pragmatisme l'emporta sur les convenances et de nombreuses femmes enfilèrent des pantalons pour intégrer le monde du travail et occuper les emplois laissés vacants par les hommes partis au front. Même après la guerre, alors que les femmes retournaient à la maison, l'idée d'une femme portant un pantalon perdait de son caractère choquant – du moins à la maison, même si ce n'était pas encore totalement le cas à l'extérieur.

Au plus fort du mouvement de la contre-culture des années 1960, le port du pantalon par les femmes ne suscitait plus guère d'indignation, même si, sur les lieux de travail, il restait encore un certain temps l'apanage des hommes. Jusqu'en 1993, il était de coutume, au Sénat américain, que les femmes ne portent pas de pantalon.
Il subsiste néanmoins des vestiges du long chemin parcouru par les femmes pour parvenir à la liberté de couvrir leurs jambes comme elles le souhaitent. En 2013 encore, la France abrogeait une loi qui interdisait aux femmes de porter des pantalons à Paris.